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Opération « Bonne Nouvelle »

Quartier de l’Europe, Brest (Finistère)

Procédé CQFD : Batinov

Maître d’ouvrage : Brest Métropole Habitat, 68 rue de Glasgow, 29200 Brest
http://www.brest-metropole-habitat.fr/

Architecte : Pierre-Henri Argouarch, PHAR, 24 quai de la Douane, 29200 Brest
http://www.archi-argouarch.fr/

Bureau de contrôle : Veritas, 22 rue Amiral Desfossés, 29200 Brest

Coordination SPS : Qualiconstruct, rue de la Terre Victoria, 35760 Saint-Grégoire

Entreprise : GTB Construction, 5 rue de Cronstadt, 29200 Brest
http://www.gtb-construction.fr/presentation.html

Montant des travaux : 6,5 millions d’€

 

Objectifs de la REX

 

  • Assurer une qualité de la construction par l’introduction d’éléments industrialisés, préfabriqués et pré-traités.
  • Améliorer la qualité du chantier d’une part en s’organisant de manière séquentielle et en réduisant les nuisances sonores et environnementales, d’autre part en définissant des méthodes de travail innovants avec les fournisseurs.
  • Garantir des délais plus courts

Chronologie

 

  • 15 juin 2009 : mobilisation de l’équipe, passation du dossier du service commercial au service travaux.
  • 15 septembre : OS
  • 10 octobre 2009 : première grue
  • 20 octobre 2010 : deuxième grue
  • Fin janvier 2010 : clos et couvert complet du bâtiment de 15 logements
  • Mi-juin 2010 : fin du cycle gros œuvre
  • Fin juillet : étanchéité faite, 100% du clos-couvert réalisé
  • Fin septembre 2010 : livraison des 15 logements du bâtiment D2
  • Noel 2010 : livraison des 61 logements du bâtiment D1


 

A qui ne connaît pas Brest, « Bonne Nouvelle » ne dit rien. Manoir, hôpital en 14-18, QG de la Gestapo, « école des sœurs »…  un lieu de mémoire, un peu gris, de la ville. On monte de Kérinou, quartier populaire, à Kérichen, cité lycéenne imaginée par Jean-Baptiste Mathon, en charge du plan de reconstruction de la ville, Auguste Perret du bout du monde. Un grand parc avec de vieux arbres. De l’orthogonal  ponctué de sentes rêveuses et d’arbres séculaires. 

Qualité urbaine, qualité architecturale

Construire sur la ville et son histoire... C’est le chantier « Bonne nouvelle » : du passé seule est conservée la vierge de biscuit vernissé, œuvre de Pierre Toulhoat nichée dans le béton, avec son manteau constellé d’étoiles : « On mettra un verre de protection, pour qu’elle ne soit pas taguée », dit Pascal Rault, chef d’agence de GTB (Grands travaux de Bretagne). Est conservé le parc pentu qui relie le haut et le bas de la ville. Il s’agit de nouer entre eux l’ancien et le moins ancien : en bas, à Kérinou, les petits immeubles percés de fenêtres aux linteaux de granit, en haut à Kérichen le triomphe du béton d’après-guerre, avec, discrètes, les bandes de maisons « castor » que leurs habitants ne quitteraient pour rien au monde, et  les immeubles de copropriétés qui furent à l’avant-garde, avec leurs ascenseurs et leurs balcons offerts à tous les vents.
Pierre-Henri Argouarch propose des immeubles de hauteur variée, coiffés d’attiques couverts de zinc, matière privilégiée des toitures de la ville. Attiques en léger débord des façades : vue imprenable sur l’ouest, figures de proue du nouveau quartier, que sur le chantier on surnomme les « malabars ». Une entrée monumentale pour le plus petit des immeubles, des couleurs sobres, blanc et rouille avec de petites surfaces de vert anis.
Le chantier est bien avancé. Un chantier en trois parties : l’une relève de Brest Métropole Habitat (ex-OPAC). Le R + 2 en est aux finitions, le R + 4 progresse, avec ses « malabars » se couvrant de zinc. L’immeuble relevant du promoteur est organisé en corps d’Etat séparés – gare aux délais ! nous disent nos interlocuteurs CQFD… Le troisième immeuble est assuré par GTB, mais hors CQFD : « On pourra comparer ».

Poupées russes

Une opération de construction, c’est une poupée russe : il y a une ville, un terrain, un chantier, un maître d’ouvrage, un architecte, une entreprise, des chargés d’opération chez le maître d’ouvrage et l’entreprise, des chefs d’équipe, des ouvriers…
Le maître d’ouvrage : « Pour nous, la démarche CQFD est intéressante. Nous avons lancé l’affaire quand on avait du mal à avoir des offres – nous sommes peu attrayants pour les entreprises tous corps d’Etat. Et puis on voulait des réponses innovantes, aussi bien pour la qualité de la réalisation que pour les délais, l’organisation de chantier et les produits. Nous avons beaucoup réfléchi à la procédure, mais finalement ce n’est pas compliqué. »
Le chef d’équipe menuiserie, Cédric Pehririn, s’est mis à la plomberie et y a collé tous les compagnons : « On a maîtrisé toutes les nouvelles techniques, c’était plus de compagnons à  gérer, plus de questions, plus de travail ».

Organisation

Par rapport à ses chantiers habituels, quels changements l’opération CQFD a-t-elle impliqués dans l’organisation du chantier ?
En premier lieu, plus de travail de préparation, avec le maître d’ouvrage et l’architecte : « Heureusement, le maître d’ouvrage et l’architecte sont aussi  de bons techniciens, ils ont pris toute leur part dans la préparation des plans d’exécution ». C’est la mise au point du « plan zéro », qui sera tout au long du chantier la base de tous les plans d’incorporation des réseaux.
L’ensemble des travaux a été divisé en deux lots, « le gris » et « le blanc » : au gros œuvre traditionnel et aux tâches généralement réalisées en propre par l’entreprise (menuiseries intérieure et extérieure, portes métalliques) a été ajoutée la plomberie, innovation dans l’entreprise. L’innovation, quelle qu’elle soit, passe par les mains de ceux qui les réalisent : il y aurait de la désinvolture à sous-estimer ce qu’elle représente comme investissement, comme acquisition de savoirs et comme satisfaction. « La plomberie, c’est beaucoup d’interventions pendant le gros œuvre, c’est beaucoup de pose de matériel. Ici, on a pu oublier les marteaux-piqueurs. C’est du temps, de l’argent, des ennuis techniques en moins », dit Pascal Rault, chef d’agence.
Toutes les tâches s’enchaînent de manière séquentielle : la règle est l’interdiction absolue que deux corps d’État travaillent ensemble sur le même niveau, ce qui oblige au respect des délais et à plus d’efficacité, et a pour effet secondaire de laisser un chantier très propre. Chacun, dans sa séquence, est également chargé de réaliser tous les auto-contrôles de son travail. Travailler en lots séparés ? On ne répètera pas ici le cri du cœur de Pascal Rault, chef d’agence…

Industrialisation

Plusieurs éléments ont été préfabriqués sur mesure en usine : la plus grande partie de la charpente, les bacs de zinc, les treillis soudés, les menuiseries extérieures, les garde-corps en tôle perforée. Il ne restait qu'à les poser, avec pour avantage, en paerticulier, que ne traînent plus sur le chantier toutes les « ferrailles » à hauts risques.
Les portes palières pré-peintes ont été mises en place au moment du gros œuvre, ce qui a posé un problème de qualité discuté avec l’industriel : essais et erreurs permettent de progresser. Pour Frédéric Pascual, chef de groupe, les cloisons et les plinthes pré-peintes représentent un gain de temps non négligeable, une qualité de résultat nettement améliorée.
De même, les discussions se poursuivent avec l’industriel sur le béton auto-plaçant et auto-nivelant. Qui a soulevé l’enthousiasme : « Le matériau n’est pas encore complètement démocratisé, il n’est peut-être pas totalement au point – en particulier, il est sensible à l’eau – mais les états de surface des planchers sont d’excellente qualité. Pas de rabotage, pas de ponçage. Pas de vibration des bétons, ce qui signifie moins de TMS, moins de bruit, un voisinage qui subit moins de nuisances. Il faut encore travailler des formules plus économiques, surtout pour le logement : les amis cimentiers doivent encore travailler pour aller vers moins de ciment et moins d’additifs… Il faut aussi perfectionner le malaxeur. L’organisation est différente, on a deux compagnons qui coulent au lieu de quatre qui vibrent à 80 décibels : les compagnons trouvent ça vraiment génial. Sur le plan économique, on n’est pas encore à l’équilibre, mais on ne fera pas machine arrière. Le travail est vraiment plus soigné, ce qui fait qu’on veut bien payer un peu plus ! On a mené une formation sur le matériau, parce que s’il est mal maîtrisé, on s’expose à des dégâts, et distribué un recueil des bonnes pratiques. » (Pascal Rault)

Logistique et insertion

La logistique a également été repensée avec les fournisseurs : « livraisons sans réserve »…  C’est ainsi que plutôt que de se faire livrer 76 éviers, 76 baignoires, 76 lavabos, 76 colonnes, la « vaisselle » a été préparée par le distributeur, soigneusement emballée dans du « papier-bulle », regroupée sur une palette pour chaque appartement.
Logistique pensée également en liaison avec les huit mille heures d’insertion prévues dans le marché. Des partenariats se sont noués entre l’entreprise d’un côté, la prison, le lycée professionnel et un CAT d’autre part.
Les détenus ont réalisé les réservations dans les dalles, coupé les tuyaux… Les lycéens ont planché sur les nourrices : « On vous donne un support, les morceaux. A vous de reproduire et ensuite de tester les réseaux. » L’exercice s’est inscrit dans le projet d’école du lycée Dupuy de Lôme, à Brest, spécialisé dans les métiers du bâtiment. Enfin, au CAT (centre d’aide par le travail) a été confiée la mission de constituer des sachets « kit logement » contenant joints, robinetterie, etc., pour la repose : « On est sûr que tout est complet, et ça limite les déchets, sur le chantier, et à la source ».

Et la suite ?

En effet, restent les finitions, confiées à une dizaine de sous-traitants. Qui semblent ne pas inquiéter GTB : « On est plutôt connus et reconnus, on travaille avec des entreprises locales, ils savent à l’avance qu’ils seront transportés, que les délais seront respectés et qu’ils ont tout à y gagner ». Car le but du jeu est bien d’y gagner, d’arriver à « zéro réserve à la réception ». Et d’avoir des habitants contents de leur habitat.

 

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