Villa urbaine durable / voyage d'étude en Scandinavie

Ekerö

>> Sjolund Parken / Danemark
>> Bjorkhagen / Suède
>> Ekerö / Suède
>> Malmoe / BO01 / Suède
>> Stockholm / BO02 / Suède

Situé sur une zone péri-urbaine à l'ouest de Stockholm assez bien desservie par métro et bus, Tappström-Ekerö est un quartier représentatif de certaines tendances d'urbanisation alternative à la politique de grands ensembles préconisée par la social-démocratie  et son programme de construction d'un million de logements. Ce programme gouvernemental s'est transformé dans les années 90 en un plan d'un million d'habitats individuels privilégiant des techniques constructives industrielles et dominé par quatre grands groupes constructeurs-promoteurs que nous retrouvons dans les deux vastes opérations suédoises d'aménagement : Malmoe BO01 et Stockholm BO02..

Inspiré des cités jardins anglaises implantées en périphérie des grandes agglomérations, ce projet, néanmoins important, développé par un architecte-urbaniste anglais Ralph Erskine, pour le compte de HBS, recherche une autre échelle du bâti, s'appuie sur un programme mixte de logements (habitats individuels et petits collectifs, locatif et accession) et intègre équipements, activités tertiaires et commerces, s'opposant ainsi aux effets d'une trop forte mono-fonctionalité urbaine. Le rapport à la nature n'en est pas pour autant négligé, puisqu'un aménagement paysager de qualité combine de larges espaces verts collectifs, des cours paysagées, des espaces de jeux, des jardins privatifs, des terrasses et des jardins d'hiver. En outre, la rue principale et piétonne de ce quartier, bordée de commerces et fort animée, conduit à un port de plaisance très utilisé en été par les résidents, mais surtout par des plaisanciers qui font étape dans un café ouvert seulement les trois mois d'été. L'animation créée par de nombreux passages de bateaux est très appréciée des habitants qui en font un lieu régulier de promenade.

Les espaces d'habitation et paysagers sont  entièrement libérés de la circulation automobile, rejetée dans des batteries de parkings à la périphérie du quartier, à proximité des espaces d'activité. Un accès automobile provisoire est néanmoins ménagé dans les petites allées qui bordent l'espace résidentiel. Un réseau de ruelles, venelles, porches, ponts et passages relient les logements entre eux et aux voiries principales. Les maisons, qui ne dépassent pas quatre niveaux présentent une grande variété d'échelle, particulièrement dans l'organisation des accès, terrasses et balcons. L'architecture des habitats individuels où le bois et la brique dominent  reste assez traditionnelle, bien que des éléments décoratifs inutiles alourdissent quelque peu les immeubles surtout sur la rue principale. 

Cette opération qui comprend  autour d'un millier de logements a été réalisée en quatre étapes (voir plan de masse), de 1985 à 1990 correspondant à des tranches définies de construction. Les logements locatifs sont plus petits et plus concentrés que les logements en accession (celle-ci est-elle coopérative ?). Les prix de vente se situent de 40 000 à 70 000 euros, selon la taille et la situation des logements, la proximité de la rivière étant particulièrement valorisée (1). A ces prix de vente  doit toujours être rajoutée en Suède une mensualité qui comprend, outre les charges, un droit  au bail sur le terrain qui reste toujours propriété de la collectivité.

Les enjeux de développement durable combinés à une conception d'habitats variés et à une mixité d'activité font de cette opération périphérique, mais proche de Stockholm, une réalisation considérée comme exemplaire par les maîtres d'ouvrage qui cherchent à satisfaire  l'aspiration générale à un autre environnement tout en privilégiant  une certaine compacité du bâti et une économie de sol.

Cette opération reste un modèle en regard de la politique actuelle du logement en Suède où les organismes municipaux sont acculés à vendre tout ou partie de leur parc ou à aligner les loyers au niveau du marché. Les  partenaires sociaux sont ainsi conduits aujourd'hui à reconsidérer leur rôle traditionnel qui visait à loger tous les types de ménages sans considération de revenus ni d'origine et développent une politique ségrégative fondée sur un parc plus segmenté que par le passé.

(1) Une annonce de vente indiquait un prix de 555 000 KR pour un grand logement, soit autour de 61 000 euros, avec un montant mensuel de 7 450 KR, soit autour de 820 euros incluant la participation au sol, divers services et garage.