CQFD - Logements optimisés : coûts, qualité, fiabilité, délais

En juillet 2005, le Plan Urbanisme Construction et Architecture (PUCA) en association avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) ont lancé, dans le cadre du Plan de Cohésion Sociale du ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement, un d’appel à projets baptisé « CQFD Logements optimisés: Coûts, Qualité, Fiabilité, Délais ».

Cette initiative était destinée à « encourager et expérimenter de nouveaux modes constructifs permettant de répondre aux besoins actuels de logements : des logements diversifiés, répondant à des exigences de qualité environnementale et urbaine, durables et à coût et charges maîtrisés. Il s’agit en cela de développer des modes constructifs permettant de répondre, par la fiabilité et la rapidité du processus de construction, à la mise en œuvre du plan de cohésion sociale et du programme national de rénovation urbaine. »

Cette demande était motivée par le fait que « l’offre actuelle repose sur un certain nombre de standards que l’évolution des modes de vie, les exigences environnementales ou l’ambition des opérations de rénovation urbaine appellent à dépasser » .

Il était ainsi « nécessaire aujourd’hui de diversifier l’offre de logements et d’ouvrir le champ des solutions techniques afin de mieux répondre aux situations nouvelles, notamment celles dictées par les objectifs de rénovation urbaine ou de relance du logement social, qui imposent une production en plus grand nombre et à un rythme de réalisation plus élevé. »

2010 : des exigences nouvelles

La troisième session de l'appel à propositions CQFD mettait l'accent sur l'objectif de généraliser le niveau BBC pour le logement neuf par la mise au point et le développement de systèmes constructifs complets et cohérents. Cet objectif implique de rechercher l'amélioration des enveloppes, de l'isolation, de l'étanchéité à l'air, de l'inertie ... mais aussi de re-penser les orientations, les volumes ou les distributions afin d'améliorer les transferts thermiques ou plus généralement le confort d'été ou d'hiver. En effet, si le niveau BBC est une condition nécessaire, il faut que les procédés constructifs proposés permettent aussi de satisfaire les différentes exigences réglementaires ou  d'usage, d'habitabilité, de confort pour les habitants. Et cela, sous contrainte de coûts maîtrisés, aussi bien à la construction, que dans l'exploitation, l'entretien et la maintenance,

Pour ces raisons, cette session CQFD invitait les équipes, comme pour les précédentes sessions, à explorer les possibilités de maîtrise des coûts, des délais de réalisation, de qualité et de fiabilité qu'offrent les modes constructifs industrialisés. Deux approches principales étaient proposées : celle de l'emploi de matériaux ou composants à plus forte valeur ajoutée (sous condition qu'ils soient bien intégrés dans un système constructif cohérent) et celle de l'emploi d'éléments préfabriqués (quelque soit le matériau : bois, béton, composites, métal) soit bidimensionnels (panneaux), soit par modules tridimensionnels.

Innovation architecturale et technique

La réflexion architecturale est une composante forte de cette session. En effet, il faut éviter les modèles trop répétitifs, pauvres en expression architecturale et l'effet « bâtiment-thermos » ; d'autre part il faut imaginer des conceptions modulaires, permettant des combinaisons variées, se prêtant aux diverses situations urbaines allant de la « dent creuse » à l'ensemble de maisons en bande, en passant par du petit collectif en péri-urbain, sans oublier les besoins spécifiques comme le logement des jeunes ou étudiants. La conception intérieure des logements se doit aussi de prendre en compte de nouveaux usages (pièces techniques, espaces-tampons) et l'intégration potentielle d'équipements (énergétiques, notamment).

L'intégration de ces dimensions techniques et architecturales conduisait à recommander un portage de la proposition par une équipe complète ou un acteur ensemblier apte à rechercher un optimisation du bâtiment en conception-réalisation, à gérer les interfaces techniques et à coordonner les interventions.

Formellement, il était demandé aux équipes de traduire l'ensemble de ces objectifs en engagements de performances de coût, qualité, fiabilité et délais et en engagements de moyens au niveau de la conception, de la production de composants ou éléments préfabriqués et de la réalisation.

Des réponses à la hauteur des ambitions du programme

41 équipes ont remis une proposition au PUCA. Dans l'ensemble, ces propositions ont manifesté une bonne compréhension des objectifs de cette consultation ; elles faisaient état de niveaux de performance élevés et paraissaient cohérentes entre les performances visées et les moyens (techniques, humains) mobilisés. Toutefois, certaines propositions n'ont paru être que des variantes de procédés déjà connus, voire labellisés. D'autres dénotaient une insuffisance dans l'élaboration architecturale (prototypes banals ou sans déclinaison ; plans répétitifs et peu innovants). Dans plusieurs cas, l'argumentaire a paru insuffisant sur les aspects économiques, sur le respect des exigences réglementaires ou encore, sur des points techniques particuliers.

Au final, 16 propositions ont paru satisfaire pleinement les attendus de la consultation et présenter une originalité ou une innovation technique ou architecturale stimulante. Ces propositions se caractérisent par une grande cohérence entre le parti technique et les choix architecturaux ; cohérence aussi entre les différents critères de qualité et de performance. Les procédés se fondent sur un recours important à des éléments préfabriqués, qu'ils soient en bois, en béton ou métal ; ils permettent des compositions urbaines variées. Par ailleurs, 15 des 25 équipes lauréates des sessions précédentes ont remis un dossier actualisant les performances de leur procédé constructif c'était comme demandé dans l'appel à proposition. Ainsi, 31 équipes sont aujourd'hui porteuses de procédés labellisés CQFD.

typologie des procédés constructifs

 

type description
Composants Amélioration des procédés forains traditionnels par le biais de produits, de process ou de modes d’organisation des acteurs.
Assemblage Préfabrication partielle en amont du chantier (atelier, usine). Réalisation foraine des ouvrages. Le matériau prédominant (béton, acier, bois) permet de distinguer les procédés appartenant à cette catégorie. Les procédés faisant appel à l’association de plusieurs matériaux sont baptisés mixtes.
Tridimensionnel Préparation en amont d’ouvrages complets transportés sur chantier pour y être assemblés. L’activité foraine est très limitée. Le matériau prédominant (béton, acier, bois) permet de distinguer les procédés appartenant à cette catégorie.


Le respect des critères

 

C : critère coût

Il était demandé aux équipes de proposer une évaluation des coûts qui soit globale : honoraires + coûts de construction structure-enveloppe, aménagements-équipement, finitions.

Q : critère qualité

Comme le critère « coût », le critère de la « qualité » se rapporte au « produit ». Il se décline en termes architecturaux et techniques. La grande question est, bien sûr, le respect des exigences réglementaires, mais il était demandé aux équipes de s’engager le plus loin qu’elles l’estimaient possible sur les aspects thermiques (confort d’hiver / d’été ; énergies renouvelables ; isolation) ainsi que sur les aspects environnementaux.

F : critère fiabilité

A la différence des deux précédents, ce critère, comme celui portant sur les délais caractérise le « processus » de réalisation ou de production industrielle : fiabilité des approvisionnements, de la mise en œuvre sur chantier, cohérence entre conception et réalisation, études des détails d’exécution.

D : critère délai

Ce critère était l’un des principaux moyens d’évaluer le caractère novateur du procédé, la cohérence entre utilisation d’éléments industrialisés (préfabriqués) et mise en œuvre sur le site ; entre conception et mise en fabrication ; d’évaluer la qualité des interfaces.

Quelles évolutions dans la conception des procédés constructifs ?

De nombreux dossiers se réclament de démarches industrielles ou d’une problématique d’industrialisation de la construction.

Il est d’une part fait référence explicitement à la préfabrication comme voie d’industrialisation déjà explorée dans les années 1960, notamment, avec les technologies béton. Mais d’autres voies, comme le recours à la préfabrication bois ou l’utilisation de composants d’assemblage (composites) sont aussi largement mobilisées.

Il est d’autre part fait référence à une rationalisation de la construction par la voie « organisationnelle ». Elle s’applique en particulier aux procédés plus traditionnels (maçonnerie, béton armé) mais s’en démarque nettement du fait même de la configuration d’acteurs favorisant un rapprochement entre conception et réalisation et de l’implication des fournisseurs industriels. Cette voie a également été suivie par exemple lors de certaines opérations du programme HABITAT 88.

Mais deux autres pistes sont suivies qui peuvent sous certains angles se rattacher à une démarche d’industrialisation.

L’intégration consiste à rapprocher la conception du « produit » et la conception de sa réalisation, du « process » de sorte que les exigences de qualité ou de baisse des coûts puissent être directement traduites dans la conception des composants ou des équipements. En retour, les propriétés du « process » (sa rapidité, sa flexibilité, sa fiabilité …) peuvent être mobilisées pour optimiser ou singulariser le « produit ».

L’intégration peut être obtenue par une meilleure coopération entre acteurs, notamment de la conception et de la réalisation, par rapprochement entre corps de métiers permettant des mieux étudier et gérer les interfaces entre intervenants, ou par l’émergence d’acteurs plus « intégrés » regroupant au sein d’une même entité les fonctions essentielles de conception et de réalisation. Cette dernière configuration est en germe dans quelques dossiers CQFD, notamment ceux portés par un industriel.

La conception tirée par la performance est une autre manière d’organiser la production par rapport aux pratiques courantes actuelles. Dans ce cadre, les solutions techniques résultent d’une analyse approfondie de chaque opération. Une étude détaillée, partant de l’expression de performances attendues correspondant à des attentes précises (donc à un programme détaillé) est l’élément de rupture par rapport aux modes de production courants pour des logements.

Ce faisant, les performances attendues et exigées par les utilisateurs peuvent être « construites », évaluées techniquement et économiquement, accompagnées des informations de maintenance nécessaire à la pérennité de la performance initiale.

Le recours aux outils informatiques devient indispensable tant pour réaliser les études que pour capitaliser des cas de référence et enrichir ainsi régulièrement les gammes de solutions.

Cette approche est à même de valoriser les bases de données-produits constituées par les fournisseurs industriels. Bases constamment mises à jour et contenant les innovations industrielles.

Ni l’une ni l’autre de ces catégories ne préjuge des partis constructifs les mieux adaptés pour une opération particulière. Elles relèvent l’une et l’autre de démarches veillant à choisir globalement des solutions répondant au mieux aux exigences du programme.

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