Villa urbaine durable / voyage d'étude en Scandinavie

Malminkartano

Un développement urbain contrôlé,
un quartier de mixité sociale et d'activités

 

Malminkartano

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Le Schéma Directeur d'Helsinki de 1970 proposa la création d'une nouvelle ligne de chemin de fer au nord de la ville, afin d'implanter une large zone suburbaine, le long de ce nouvel axe de transport privilégié. Aujourd'hui plusieurs banlieues résidentielles ont été construites, profitant de la proximité d'Helsinki (12 kms et quinze minutes de train).

Malminkartano est un de  ces quartiers, issu d'un appel à proposition en deux phases (idées et programmation) de 1972-1973. Il s'agissait d'éviter une urbanisation de type cité-dortoir, autour de solutions intégrant dans un même espace, habitat, activités de petites industries et équipements. Les lieux d'emploi devaient se situer au cour même des résidences.

En 1978, un concours architectural expérimental fut lancé par Heikki Kaitera, urbaniste à la ville d'Helsinki et plusieurs architectes finlandais réputés pour la mise en ouvre de ce type de solution se partagèrent la construction de plusieurs zones. De 1972 à 1989, 800.000m² de logements et 400.000m² d'activités furent ainsi réalisés, respectant l'objectif d'intégration, tout en autorisant, dans un premier temps de boom démographique, l'utilisation des boutiques et bureaux pour accueillir des écoles et des services de proximité.

La ville d'Helsinki imposa un strict contrôle des prix et des niveaux de qualité aux constructeurs privés chargés de réaliser ces opérations à vocation sociale et bénéficiant d'emprunts d'état.

Aujourd'hui quelques 10.000 habitants résident dans la zone, offrant autour de 2500 emplois.

Ralph Erskine, architecte anglais (Voir VUD/Scandinavie : compte rendu d'une opération suédoise réalisée en 1985-1990, par R. Erskine sur les mêmes bases de mixité à Ekero-Tappstrom, banlieue de Stockholm), travaillant dans les pays scandinaves, réalisa en 1985-1987, au pied de la nouvelle gare, à l'ouest, 120 logements collectifs en terrasses, ou individuels et souvent superposés ainsi que des équipements et des lieux d'accueil de petite industrie d'un ou deux étages qui, tout comme les immeubles d'habitation étaient recouverts de briques rouges.

Une circulation automobile réduite, et des voies piétonnes bordées, pour la plupart, d'arcades et de galeries, abritant les boutiques et lieux d'activités de 500 à 2000m², rendus visibles des lieux de résidences. Afin d'accroître cette visibilité, il fut exigé que chaque local d'activité ait au moins une fenêtre donnant sur les voies piétonnes. Une forte mixité dans de petites unités (10 à 40 emplois) était en effet revendiquée à Malminkartano afin de créer des relations entre les diverses fonctions réunies dans le quartier : logement, éducation, emplois et services.

La même ambition de diversité caractérise l'environnement général et en particulier résidentiel : variété des styles, hauteurs et tailles des immeubles, des types de logements, permettant la co-habitation de familles très diversifiées socialement.

 

 

Cependant une grande harmonie des matériaux et des couleurs caractérise ce site. Des cheminements piétons constituant les rues du quartier conduisent à la gare et sont particulièrement animés aux heures de retour du travail d'Helsinki. Nombreux sont en effet les résidents qui effectuent ces migrations alternantes.

Ce quartier assez refermé sur lui même est bordé le long des rails de hauts immeubles- terrasse formant une fortification qui fait écran au bruit et de l'autre côté, de grands et longs immeubles s'opposant aux vents. Les premiers immeubles, de 4 à 8 étages sont blancs, ont de vastes terrasses en bois qui donnent sur l'intérieur des cours et des jardins et sont revêtus sur leur façade extérieure, le long des rails de bandes de métal aux couleurs vives,(noir, gris, jaunes) évoquant un design de train.

 

 

 

Les immeubles collectifs, aussi bien que les maisons individuelles sont construits à partir de matériaux soignés et ont fait l'objet d'attentifs traitements de détail. Un sentiment de variété provient de leur richesse et diversité et en particulier du contraste entre un traitement brut de la brique et des éléments de structure en métal supportant les galeries. Les entrées des immeubles donnent sur la rue et sur les galeries, tandis que les balcons et espaces privés donnent sur des jardins et cours intérieurs.

 

 

Malminkartanodiaporama

Les cheminements dans les étroites voiries intérieures sont très plaisants, bordés de nombreux jardins et espaces de jeu. Néanmoins, les galeries et locaux d'activités situés dans les rez-de-chaussée ou les premiers étages permettent à cet ensemble de conserver un côté urbain, bien que  très déserté dans la journée. La circulation automobile est très restreinte et les voitures sont garées sur un grand parking situé près de la gare afin de créer un environnement qui n'écarte pas l'automobile mais en réduit la place

 

Malminkartanodiaporama

 
C'est autour des trois enseignes de moyennes surfaces commerciales, aux prix bas, regroupées sur la même place que s'observe une certaine animation. C'est d'ailleurs à cet endroit que nous avons vu les premiers « marginaux » de nos visites finlandaises, sans doute à cause du statut social de ce quartier réservant des logements à des chômeurs et pensionnés. Il étaient installés sur un banc au pied de la banque située sur la place centrale.

 

 

Malminkartanodiaporama

Cependant la plupart des habitants ont accédé à la propriété de leurs logements et plusieurs ont vendu et racheté des maisons depuis leur installation. Une dame allant accrocher son linge, de l'autre côté de la rue, et habitant une maison individuelle de deux étages, sans jardin mais avec 2 terrasses où poussent des pommes de terre, a acheté sa maison de 108 m² en 1998, pour près de 110 000€. Elle l'apprécie pour sa conception avec ses 5 pièces et son sauna, même si elle dominée par de très près des hauts immeubles collectifs en terrasse. Cette famille habitait déjà Malminkartano dans un logement collectif, qu'elle avait acquis en 1995.

Une résidente, nouvellement emménagé dans un petit collectif de deux étages et venant d'une ville de province, Poorvo, nous a dit qu'elle disposait pour son mari et ses trois enfants d'un logement de 4 pièces de 87 m2, qu'elle en était très satisfaite et qu'elle payait 879€ par mois.

 

Ce quartier, où se mêlent des populations aux statuts et revenus très divers, est considéré par tous comme fort réussi. Les architectes ont pu travailler étroitement avec le département d'urbanisme d'Helsinki et avec les promoteurs. Des étudiants et jeunes architectes intégrèrent l'équipe de R. Erskine et menèrent un travail d'analyse des besoins auprès d'un groupe représentatif des futurs habitants. Ce « groupe de référence » s'impliqua pendant toute la durée du processus de programmation et de conception. Des conceptions alternatives leur furent proposées et les choix discutés. Un jeune architecte, ayant fait ses preuves depuis, en particulier à Viikki, et partenaire du groupe ARRAK, s'engagea particulièrement dans cette concertation et suivit le projet. Celui-ci explique que si les solutions architecturales originales proposées par l'architecte (mur d'immeubles au nord et à l'est pour protéger du bruit et du vent les plus petits immeubles intérieurs) furent considérées, après de longues discussions comme appropriées, c'est grâce au soutien des usagers qui en avaient bien compris l'intérêt.

Le même esprit urbanistique et architectural caractérise les réalisations voisines, ultérieures, mais la vocation sociale en est absente. En particulier, les résidences et maisons individuelles construites récemment, de l'autre côté de la voie ferrée abritent des populations aux revenus élevés.

Boris Culjat (in Arckkitehti 6/87), architecte ayant contribué au projet écrit en 1987, à propos du projet de R. Erskine, que l'ambition qui l'a caractérisé se résume ainsi :

  • un enjeu social s'efforçant de créer un environnement répondant aux besoins des usagers ;
  • un équilibre réussi entre les constructions, dont l'orientation, la prise en compte du climat, et la situation des activités favorisent de bonnes relations entre les habitants ;
  • enfin une attention particulière à l'identité individuelle, en permettant à chacun d'identifier et de s'approprier son « home ».

 

 

Malminkartanodiaporama